Denis DIDEROT
Lycée
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Les rencontres du Relais de la mémoire à Marseille

jeudi 5 janvier 2023, par M. Petitfrère, professeur d’histoire-géographie

Du 16 au 20 novembre s’est tenue la 7e rencontre du Relais de la Mémoire à Marseille. Elle a réuni les délégations de 9 lycées issus de 5 pays européens (France, Allemagne, Autriche, Belgique et République Tchèque).

La journée du jeudi s’est déroulée dans la salle Meltem du Mucem, côté Fort Saint Jean. Après les discours inauguraux de madame Poutiers, présidente de l’association du Relais de la Mémoire Juniors, et de madame Borel, IA-IPR d’histoire-géographie, les élèves ont pu suivre une conférence en français de l’historien Abderahmen Moumen sur la Guerre d’indépendance algérienne.

La seconde partie de la matinée a été consacrée à la rencontre avec des témoins de conflits et de crises lors de tables rondes. Les élèves ont fait un retour en assemblée des tables rondes auxquelles ils ont assistés en début d’après-midi.
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Pour ma part, j’ai assisté au témoignage d’Ammena Ameziane un militant pour l’indépendance de l’Algérie né en 1942 en Kabylie, venu nous raconter son histoire et comment il a survécu à cette guerre. Il nous a raconté un épisode de sa vie qui l’a beaucoup marqué durant son adolescence.

C’était lors d’une manifestation pour l’indépendance de l’Algérie dans son lycée Dellys : comme chaque année, il faisait des manifestations avec les autres lycéens. La police est intervenue et a embarqué Ammena Ameziane en direction d’une cellule où les autorités l’ont frappé, l’ont torturé à l’âge de 16 ans car selon eux c’était le meneur de cette manifestation. Lors de son passage devant le juge, le juge a décidé de ne pas le remettre aux autorités et a juste préféré le sanctionner. Son témoignage a été très touchant et très émouvant pour lui comme pour nous, nous avons beaucoup apprécié qu’il partage avec nous son histoire, ainsi nous pourrons la transmettre à de nouvelles générations.

Chirine, classe de 1e
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Nous avons écouté des témoignages de personnes ayant vécu la guerre d’Algérie. J’ai moi-même pu entendre l’histoire de Jacques Pradel, un descendant de colons, qui nous a raconté sa prise de conscience progressive de l’injustice du système colonial.Celui-ci est né à Tiaret est a eu durant son enfance un groupe d’ami algérien dont il était le seul enfant de colon. Il voyait qu’il vivait dans un meilleur environnement qu’eux, qu’il avait plus de moyens qu’eux, il sentait que certains travailleurs algériens avaient du mépris pour lui ou en avait peur. Il voyait bien tout ça mais ne comprenait pas encore pourquoi. Lorsque la guerre d’Algérie éclate, il perd ses amis, leurs chemins se séparent. Les violences à Tiaret s’intensifient. Il est envoyé à Oran qui est séparé en deux camps : celui des Algériens et celui des colons. Les violences sont encore plus fortes qu’à Tiaret. Enfin il est renvoyé en France et est depuis bien déterminé à ce que la parole des pieds noirs ne soit pas confisquée par l’extrême droite.

Lamia, classe de 1e
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Durant la table ronde, j’ai rencontré Moussa Camara, un jeune Guinéen arrivé à Marseille en 2018 après avoir fui son pays et avoir été secouru par SOS Méditerranée. Il a fondé une association aidant les jeunes étrangers arrivant à Marseille pour les aider au niveau administratif.

Il nous a raconté son histoire depuis son enfance jusqu’à aujourd’hui : né en Afrique de l’Ouest en République de Guinée, Moussa parle 4 langues. Après la mort de son père à 11 ans, une tradition familiale veux que ce soit le frère du défunt qui prenne pour épouse la femme de celui ci. La mère de Moussa ne voulant pas se marier au frère de son mari, elle décide de partir chez sa mère. Elle laissa alors Moussa chez son oncle qui le battait ;il retourna alors chez sa mère qui ne l’envoyait pas à l’école. Aidé par son voisin, il est devenu marchand ambulant. Son voisin devait le scolariser mais ne l’a pas fait et Moussa se faisait maltraité.

Il rencontre alors un chauffeur, qui l’a aidé en achetant toutes ses marchandises. Un jour il lui propose d’aller vivre chez un autre homme qu’il connaît pour l’aider à gérer un commerce. Il va alors au Mali où il rencontre Omar qui était très gentil. Ils gèrent alors le commerce ensemble et tout se passe bien.

Omar devait partir afin d’aider son frère avec son commerce, il propose à Moussa d’aller en Libye avec lui. Sur la route, les roues crèvent, le trajet est difficile. Ils sont restés 3 jours entiers dans le déserts sans eau ni nourriture. Un jour, ils sont kidnappés. Ils ont été cagoulés et mis dans un camion avec d’autres personnes. On leur annonce qu’ils ont été achetés et ont été fait esclaves. 

Durant toute une saison, Moussa et Omar travaillaient sous peine d’être tués jusqu’au jour où ils ont été relâchés et déportés vers des zodiacs. Ils sont embarqués dedans, plus d’une centaine de personnes y montent alors qu’ils n’y a pas de place. 

Omar était révolté et a demandé à ce qu’ils soient libres de partir s’ils n’avaient plus besoin de lui. Omar se fait tirer mortellement dessus sous les yeux de Moussa, qui perd alors la seule personne avec qui il était proche. En pleine mer, le zodiac commence à se dégonfler. Ils perdaient espoir mais ont été sauvé par SOS Méditerranée. Ils ont été envoyés en Italie (Sicile) et ont été envoyés dans des camps de réfugiés à côté de Naples.

Il voulait prendre le train pour Milan (2017) et a passé deux semaines à la frontière. Il a eu un train qui l’a ramené à Marseille. Il est arrivé à Image Santé Jeune, puis pris en charge à l’hôpital. Il a fait plusieurs foyers et a eu l’opportunité de rester avec une famille jusqu’à qu’il ai une situation stable. Il a atteint un niveau c2 en français et a fait une formation dans l’électricité, un CFA ; il a eu une autorisation de travail ainsi que le titre de séjour en France. Actuellement il fait un BTS en électricité. Il a pris un appartement et a eu une récompense, une légion d’honneur. 

Il crée une association 2020-21, Moussa veut intervenir pour aider les jeunes Guinéens arrivé à Marseille. Il y à 63 adhérents qui aident tout le monde pour l’administration en France et à une Collaboration avec SOS méditerrané.

Nour, classe de terminale

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L’association SOS-Méditerranée, par l’intermédiaire de Vanessa Rizk, responsable nationale de la mobilisation citoyenne, au sein de l’association est ensuite intervenue pour présenter son action axée autour de trois principes : sauvetage des migrants en mer, protection à bord de l’Ocean Viking et témoignage auprès des populations européennes de la réalité du terrain.

En fin d’après midi, les élèves ont tous participé à une visite guidée d’une exposition du Mucem avant de se rendre à l’Hôtel de ville où les délégations ont été reçues par l’adjointe au Maire de Marseille Lisette Narducci.

Le vendredi 18 novembre s’est déroulé au lycée Denis Diderot. Les élèves impliqués dans le Relais de la Mémoire sont intervenus dans les classes de secondes GT du lycée afin de présenter le projet et l’intérêt de s’impliquer dans un dispositif international.

Les délégations ont ensuite présenté les travaux qu’ils ont réalisé dans leurs établissements en amont de la rencontre : panneaux d’expositions, journal numérique, diaporamas, films... Les formats ont été riches et variés.

L’après-midi les élèves ont participé à des ateliers artistiques (webradio, théâtre, danse, chant, photo, écriture) et ont présenté leurs productions en fin de journée. Un repas festif bien mérité a ensuite été organisé au lycée, où les familles qui accueillaient les élèves étaient invités.

Le samedi, les élèves ont visité l’exposition SOS-Méditerranée au CDI du lycée Denis Diderot puis une visite guidée à la fois du Mémorial des déportations, du Vieux Port et du Panier sur le thème de la Seconde Guerre mondiale, de la destruction du quartier et de la rafle a été organisée.

Toutes les délégations sont reparties le dimanche matin en se donnant RDV fin mars à Paris pour la prochaine rencontre du Relais de la Mémoire Juniors !

 
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