LUCIO DALLA : de Caruso en Henna

 

                    INDEX

 

 

1. EN PREAMBULE

 

2.LUCIO DALLA au REGARD de ses CHANSONS

 3.DISCOGRAPHIE

 4. LIENS

 

 

             En préambule et pour situer  le cadre et la démarche de ces pages Web consacrées au chanteur- compositeur-interprète (cantautore) Lucio Dalla, il me semble important de distinguer les œuvres des cantautori d’une part et les chansonnettes de la variété internationale d’autre part venues d’Italie – malheureusement un peu trop diffusées en France !- afin de clarifier le point de vue de l’exposé ci-dessous.

 

          La chanson d’auteur italienne véhicule des pans de l’âme italienne contemporaine. Descendante de la chanson d’auteur à la française, des musiques populaires et dialectales de la botte, du blues et du jazz ( surtout depuis 1943 date de  l’arrivée des soldats Américains dans la péninsule ), de ce formidable réservoir musical et dramatique de la « lirica » l’opéra, elle contribue de manière subtile à la compréhension de la société transalpine.

 

           Les Lucio Dalla, Francesco de Gregori, Francesco Guccini, Pino Daniele, Pier Angelo Bertoli et quelques autres avant et après eux ( En France , on les situerait dans l’univers des Brassens, des Léo, des Brel …plus tard, Souchon et Voulzy, Jonasz, aujourd’hui Miossec, Kent, Vincent Delern…) jouissent d’un succès d’estime mais aussi d’un succès grand public tout à fait étonnant vu de France !

 

            L’objectif de ce site non officiel est de faire connaître le travail souvent original réalisé par Lucio Dalla depuis les années 60, que ce soit d’un point de vue musical, du phrasé musical jazzy (le scat), du travail de production ainsi que de la qualité de ses textes décalés. Enfin… si je parviens à vous faire partager mon intérêt pour ce type de chansons !

 

         Le choix des textes est arbitraire et basé en partie sur mon travail de mémoire de Maîtrise consacré au chanteur de Bologna en 1992. En ce qui concerne les traductions – au risque d’être critiqué ! -, mon parti pris a été de rester fidèle à l’univers sonore de la chanson(à savoir l’harmonie entre un texte, une composition et une interprétation) pour en donner une interprétation parfois subjective, quitte à m’éloigner quelque peu du texte original. Mon amie Nives Cenci parle : "...D'immagini poetiche che sfilano nella mente dell'autore e non formano frasi lineari e logiche, ma sono framenti della sua immaginazione e sensazioni diverse...". Ce qui me parait très juste et donc très compliqué dans le rendu en français. N’hésitez pas à me faire part de vos critiques sur mes choix, à proposer des alternatives, des corrections !

          Les illustrations ont été réalisées par des élèves du lycée Diderot de Marseille par Joel Liochon et Sarah Haustrate. Les liens « Travail/élèves » renvoient à des réalisations des élèves du lycée à partir des chansons de Dalla. Je remercie Michel Mathieu pour la réalisation et conception du site.

            Bonne lecture et /ou bonne découverte. Envoyez vos réactions, positives ou négatives à mon E. Mail : philippe.usseglio@laposte.net

 

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4/3/43

(Texte Paola Pallottino / Musique L. Dalla) 1971

 

Dice che era un bell’ uomo

E veniva, veniva dal mare

Parlava un’altra lingua,

Pero’ sapeva amare

E quel giorno lui prese a mia madre

Sopra un bel prato,

L’ora più dolce

Prima di esser ammazzato.

 

Cosi’ lei resto’ sola nella stanza,

La stanza sul porto,

Con l’unico vestito

Ogni giorno più corto,

E benché non sapesse il suo nome

E neppure il paese

M’aspetto’ come un dono d’amore

Fin dal primo mese.

 

Compiva sedici anni quel giorno

La mia mamma

Le strofe di taverna

Le canto’ a ninna nanna

E stringendomi al petto che sapeva,

Sapeva di mare

Giocava a far la donna

Col bambino da fasciare.

 

E forse fu per gioco

O forse per amore

Che mi volle chiamare come il nostro signore.


Della sua breve vita, il ricordo

Il ricordo più grosso

E’ tutto in questo nome

Che mi porto addosso

          

E ancora oggi

Che gioco a carte

E bevo vino

Per la gente del porto

Mi chiamo Gesù bambino.

 

 

Elle dit que c’était un bel homme

Qui venait, qui venait de la mer

Qui parlait une autre langue

Mais qu’il savait aimer

Et ce jour, il prit à ma mère

Sur un beau pré

L’heure la plus douce

Avant d’être tué.

 

Aussi elle resta seule dans la pièce,

Sa pièce sur le port,

Avec son unique robe

Chaque jour plus courte,

Et même si elle ne savait ni son nom

pas même son pays

Elle m’attendit comme un cadeau de l'amour

Dès le premier mois.

 

Elle fêtait ses seize ans ce jour-là

Ma maman,

Les refrains de taverne

Elle en fit des berceuses

Et en me serrant  contre elle 

Elle sentai, sentait bon la mer

Elle jouait à la femme

Avec un enfant à langer.

 

Et ce fut peut-être par jeu

Ou peut-être par amour

Qu’elle voulut m’appeler comme notre Seigneur.

De sa brève vie, le souvenir

Le souvenir le plus beau

Est tout dans le prénom

Que je porte depuis.

 

Et aujourd’hui encore

Que je joue aux cartes

Et bois du vin

Pour les gens du port

Je suis l’enfant Jésus.

 

 

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          Cette chanson qui peut être considérée comme le point de départ de la carrière tant artistique que populaire de Lucio Dalla (le texte de la poétesse Paola Pallottino, aujourd’hui directrice du Museo delle Illustrazioni di Ferrara) semble narrer sa venue au monde, fruit d’une relation, celle d’un quidam envahisseur sachant aimé et être aimé un peu avant l’heure de sa mort peu conventionnelle. Toutefois la réalité est plus prosaïque. Lucio Dalla est né en effet à Bologna le 4 avril 1943, dans le climat de l’Emilie Romagne d’alors, empreinte de culture traditionnelle et paysanne, d’influences afro-américaines (l’Université yankee n’est pas loin ! à Bologne même) dans cette douce euphorie qui caractérise l’après-guerre. Ainsi, précoce, Dalla sut créer son personnage de scène tant musical que théâtral : apprentissage de l’accordéon puis de la clarinette, radio crochet, formation jazz puis expérience sur scène (Il jouera encore adolescent avec Chet Backer , Petrucciani…), le jazz influençant durablement sa musique.

 

           Outre cette chanson, trois autres attirent l’attention. Dalla, en cette période, n’est que le musicien et compositeur. Cela dit, il est capable d’adapter, d’adopter et de se mouvoir dans l’univers de ses auteurs. Les trois prochaines chansons qui vous sont proposées sont des fables pleines d’une humanité contenue que ce soit Il gigante et la bambina  (Le géant et la petite fille), Piazza grande (Grand-place) qui met en scène un clochard fier de sa vie sur une grande place italienne, à l’écart de la société un peu trop égoïste, plaçant sa confiance dans l’autre, pour épargner ou donner sens à la solitude, ou bien encore l’action dans "Anna bell’Anna" au carrefour de la trahison et de son pendant : l’amour.

 

Piazza Grande                                                                                                    Grand-place  

(1972 Baldazzi, Bardotti, Ron, Dalla)

 

Santi che pagano il mio pranzo non ce n’è

Sulle panchine in Piazza Grande

Ma quando ho fame di mercanti come me

 

Qui non ce n’è

Dormo sull’erba

E ho molti amici intorno a me 

Gli innamorati in Piazza Grande ;

Dei loro guai, dei loro amori tutto so,

Sbagliati e no.

 

A modo mio

Avrei bisogno di carezze anch’io

A modo mio

Avrei bisogno di sognare anch’io.

 

 

Una famiglia vera e propria non ce l’ho,

E la mia casa è Piazza grande.

A chi mi crede prendo amore e amore do,

 

Quanto ne ho.

Con me di donne generose non ce n’è,

 

Rubo l’amore in Piazza Grande

E meno male  che briganti come me

Qui non ce n’è.

 

A modo mio

Avrei bisogno di carezze anch’io,

Avrei bisogno  di pregare Dio .

Ma la mia vita

 Non la cambiero’ mai mai.

A modo mio

Quel che sono l’ho voluto io…

 

Lenzuola bianche per coprirci non ne ho,

 

Sotto le stelle, in Piazza Grande

E se la vita non ha sogni, io li ho

E te li do’.

 

E se non ci sarà più gente come me

Voglio morire in Piazza Grande

Tra i gatti che non han padrone come me,

 

Attorno a me                

 

Des saints payant mon repas,

il n’y en a pas sur les bancs de Piazza grande

Mais quand j’ai faim,

Des marchands comme moi

Ici-bas  il n’y en a pas

Je dors sur l’herbe et j’ai beaucoup

d'amis autour de moi 

Les amoureux de Piazza Grande ;

De leurs ennuis, de leurs amours

Heureux ou malheureux, je sais tout.

 

A ma façon

J’aurais besoin  de caresses… moi aussi.

A ma façon

j’aurais besoin de rêver… moi aussi.

 

 

Une vraie famille, j’en ai pas

Et ma maison c’est Piazza Grande.

Je prends et je donne tout l’amour
A celui qui croit en moi

Tout ce que j'ai.

Avec moi, des femmes généreuses,

Il n’y en a pas,

Je vole l’amour sur Piazza Grande

Et par chance des brigands comme moi

Ici il n’y en a pas.

 

A ma façon

J’aurais besoin de caresses moi aussi

J’aurais besoin de prier Dieu.

Mais ma vie jamais au grand jamais

Je ne la changerai.

A ma façon

Ce que je suis, c’est moi qui l’ai voulu…

 

Des draps blancs pour nous couvrir

Je n’en ai pas

Sous les étoiles de Piazza Grande

Et si la vie n’offre pas de rêves,

Moi, j’en ai et je te les offre.

 

Et s'il n'y aura plus de gens comme moi

Je veux mourir sur Piazza Grande

En compagnie des chats qui comme moi

Vivent sans maître...

Autour de moi.

 

 

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Il gigante e la bambina                                                                    Le géant et la petite fille

(musica : Dalla -testo :Pallottino) 1971

 

Il gigante e la bambina

Sotto il sole contro il vento,

In un giorno senza tempo

Camminavano tra i sassi.

 

Il gigante è un giardiniere,

La bambina è come un fiore

Che gli stringe forte il cuore

Con le tenere radici.

 

E la mano del gigante

Su quel petto di creatura,

Scioglie tutta la paura,

E’ un rifugio di speranza .

 

Del gigante e la bambina

Si è saputo nel villaggio

E la rabbia dà il coraggio

Di salire fino al bosco.

 

Il gigante e la bambina

Li han trovati addormentati

Falco e passero abbracciati

Come figli del Signore.

 

Il gigante adesso è in piedi

Con la sua spada d’amore

E piangendo taglia il fiore

Prima che sia calpestato.

 

Camminavano tra i sassi,

Sotto il sole contro il vento

In un giorno senza tempo,

Il gigante e la bambina.

 

Le géant et la petite fille

Sous le soleil contre le vent

Un jour hors du temps

Marchaient entre les cailloux.

 

Le géant est un jardinier

La petite fille est une fleur

Qui étreint son cœur

Avec ses tendres racines.

 

Et la main du géant

Sur cette poitrine d’enfant,

Ôte toutes les peurs

C’est un refuge d’espérance.

 

Du géant et de la petite fille

On l’a su dans le village

Alors la rage donne le courage

D’aller jusqu’au bois.

 

Le géant et la petite fille

On les a trouvés endormis

Faucon et moineau enlacés

Comme des enfants du Seigneur.

 

Le géant est maintenant debout

Avec son épée d’amour

Et en pleurant il coupe la fleur

Avant qu’elle ne soit piétinée.

 

Ils marchaient parmi les cailloux

Sous le soleil contre le vent

Un jour hors du temps

Le géant et la petite fille.

 

 

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Anna bell’Anna                                                                                            Anne belle Anne

(Dalla-Pallottino) 1974

 

Anna Bell’Anna profuma di salvia

In riva al mare raccoglie le pietre

Sassi dorati e conchiglie rotonde

Quando il suo amante dal mare la vede.

 

Anna Bell’ Anna sono tornato

Ti voglio stringere forte sul cuore

Ti voglio sciogliere i lunghi capelli

E sulla sabbia fare all’amore

 

Anna Bell’Anna legge la sorte

Ma un sasso nero le brucia le dita

Tira le pietre altre sette volte

Sa che l’amante l’ha tradita.

 

Anna Bell’Anna  si scioglie il corsetto

I lacci rossi si perdono in mare

Sul seno bianco si perde la schiuma

E sulla sabbia si lascia amare.

 

Anna Bell’ Anna ti chiedo perdono

D’aver tradito il tuo caro amore

Laggiù dal mare senza ricordo

Per troppo volte ho perso il cuore.

 

Anna Bell’Anna profuma di salvia

Contro il suo petto si stringe vicino

Gli dice : « Il cuore non l’hai perduto »

E glielo cerca col coltellino.

 

 

Anna Bell’ Anna il cuore che batte

Lo butta in mare a fare corallo

Corallo rosso come la fiamma

Perché nessuno possa rubarlo.

 

Anna Bell’Anna si annoda i capelli

Si lava il viso e la mani nell’onda

Poi sulla riva si china a cercare

Sassi dorati e conchiglie rotonde.

 

Anne Bell’ Anne, aux parfums de sauge,

Au bord de la mer ramasse des pierres

Cailloux dorés et coquillages ronds....

De la mer, son amant l’aperçoit.

 

Anne Bell’ Anne , je suis revenu

Je veux te serrer fort contre mon cœur

Je veux dénouer tes longs cheveux

Et sur le sable t’aimer.

 

Anne Bell’ Anne lit le destin

Mais un caillou noir lui brûle les doigts

Elle lance sept fois encore les pierres

Elle sait que son amant l’a trahie.

 

Anne Bell’ Anne dénoue son corset

Les lacets rouges se perdent dans la mer

Sur son sein blanc se perd l’écume

Et sur le sable, elle se laisse aimer.

 

Anne Bell’ Anne, je te demande pardon

Pour avoir trahi ton noble cœur

Là-bas, sur la mer s’estompent les souvenirs

Trop de fois, je l’ai perdu mon cœur.

 

Anne Bell’ Anne, aux parfums de sauge,

Se serre fort contre sa poitrine

Et lui dit : « ton cœur, tu ne l’as pas perdu »

Puis elle va le lui chercher avec un petit couteau.

 

Anne Bell’ Anne, ce cœur qui bat

Elle le jette à la mer …qu’il devienne corail

Corail rouge comme la flamme

Pour que personne ne puisse le voler.

 

Anne Bell’ Anne noue ses cheveux

Et  se lave le visage et les mains dans l’onde

Puis sur le rivage, elle se penche et cherche

Des cailloux dorés et des coquillages ronds.

 

 

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             La seconde période de Lucio Dalla  sera le fruit d’une collaboration avec un poète et romancier de Bologne de la mouvance du néoréalisme italien (mais aussi critique philosophe, éditeur, libraire), très engagé politiquement à gauche: Roberto Roversi. Trois albums verront le jour entre 1973 et 1976 :

 

                          - un giorno aveva cinque teste

 

                          - Anidride solforosa

 

                          - Automobili

 

         Loin des clichés de la ritournelle à l’italienne, les deux compères proposent des recueils de chansons expérimentales, photographies de la réalité économique et sociale de l’Italie des années de plombs : textes analytiques, crus, dramatiques …dans des interprétations puis des spectacles théâtralisés. Si, sur le plan de la communication (auprès d’un large public) -obsession chez Dalla, idéologique chez Roversi qui pensait ses textes comme matière à la réflexion et à la transformation sociale -, un constat d’échec s’impose, ce duo rencontre en revanche la curiosité d’un public politisé et avisé.

 

                  Cette période présente donc un Dalla engagé, chantant les différences Nord/Sud, la machine de guerre, la lutte des classes, le progrès non maîtrisé, la pollution, l’indifférence, l’égoïsme et la mort…L’homme écrasé par la société, devenant un rouage d’un univers mécanisé. Cette période intéressante d’un point de vue artistique (poésie hermétique au service de la complexité de la situation politique italienne), est difficile d’approche dans le travail du chanteur.

 

           Je propose cependant une chanson, qui me semble-t’-il, résume bien la volonté de changement de l’époque. A l’origine, elle s’appelait  « Ho cambiato la faccia di un Dio » (J’ai changé le visage d’un Dieu). Mais Dalla, l’enregistrant seulement au moment de la chute du mur de Berlin, la rebaptisa « Comunista ». J’y sens une volonté de rapprochement de deux idéaux, - éloignés de prime abord -, partagés par de nombreux italiens, une leçon d’humilité : l’âme chrétienne avec pour certains son pendant naturel au 20ème siècle l’utopie communiste (le texte de Henna – voir plus loin - offre ce panorama affectif. Mais peut-être je m’avance un peu !). Dans  « J’ai changé la face d’un Dieu », il y a la volonté de reconnaître l’humain dans l’humain, le divin dans l’humain…une leçon d’altérité en quelque sorte !

 

 

Comunista                                                                         Communiste

(Ho cambiato la faccia di un Dio)                      (J’ai changé le visage d’un Dieu)

(R. Roversi/L dalla)1990

 

Canto l’uomo che è morto

Non il Dio che è risorto

Canto l’uomo infangato

Non il Dio che è lavato.

 

Canto l’uomo impazzito

Non il Dio rinsavito

Canto l’uomo ficcato

Dentro il chiodo ed il legno.

 

L’uomo  che è tutta una croce

L’uomo senza più voce

L’uomo intirizzito

L’uomo nudo, straziato

L’uomo seppellito.

 

Canto la rabbia e l’amore

Dell’uomo che è stato vinto

Canto l’uomo respinto

Non l’uomo vincitore.

 

Canto l’uomo perduto

L’uomo che chiede aiuto

L’uomo che guarda

Nell’acqua del fiume.

 

Dove l’acqua conduce

l’uomo che accende una luce

o quello che trova la voce.

 

Canto l’uomo che è morto

non il Dio che è risorto.

 

Canto l’uomo salvato

non l’uomo sacrificato.

 

Canto l’uomo risorto.

Non il Dio che è li’ morto.

 

Canto l’uomo che è solo

Come una freccia

Nel suolo.

 

L’uomo che vuole lottare

E che non vuole morire.

 

Canto Andrea del vento

Ragazzo di Crotone

Che si fa avanti e racconta

La sua vita di cafone.

 

Anch’io sono partito

Piangevo alla stazione

E poi là nella neve

Dove si poteva sperare.

 

Non c’era l’onda del  mare

Là sono arrivato

Anch’io mi sono fermato.

 

Canto l’uomo che ascolto

Con la voce distesa sul prato

Canto chi vuole tornare

Non chi vuole fuggire.

 

Canto Andrea che dice :

« Quella era la mia terra,

Adesso la prendo e la mangio» .

 

          

Je chante l’homme qui est mort

Et non le Dieu ressuscité

Je chante l’homme embourbé

Non le Dieu bien  lavé

 

Je chante l’homme rendu fou

Non le Dieu assagi

Je chante l’homme cloué

Dans le bois.

 

L’homme devenu une croix

L’homme privé de sa voix

L’homme transi

L’homme nu, martyrisé

L’homme enterré.

 

Je chante la rage et l’amour

De l’homme tout juste vaincu

Je chante l’homme rejeté

Et non le vainqueur.

 

Je chante l’homme égaré

L’homme appelant au secours

L’homme qui regarde

Dans l’eau du fleuve.

 

Là où l’eau conduit

l’homme qui trouve la lumière

ou celui qui trouve sa voix.

 

Je chante l’homme qui est mort

non le Dieu ressuscité

 

Je chante l’homme sauvé

non l’homme sacrifié.

 

Je chante l’homme ressuscité

non le Dieu sur la croix

 

Je chante l’homme qui est seul

Comme une flèche

Dans le sol.

 

L’homme qui veut lutter

Et qui refuse de mourir.

 

Je chante André dans le vent

Garçon de Crotone

Qui se met en avant et raconte

Sa vie de péquenot.

 

Moi aussi je suis parti

Je pleurais à la gare

Et puis là dans la neige

Là où on pouvait  espérer.

 

Il n’y avait pas le bruit de la mer

Je suis arrivé là

Moi aussi je me suis arrêté.

 

Je chante l’homme que j’écoute

La voix étendue sur le pré

Je chante qui veut revenir

Et non celui qui veut fuir.

 

Je chante Andrea qui dit :

« Elle était là, ma terre,

Maintenant je la prends et je la mange…».

 

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                                           DALLA CANTAUTORE

            

            La nouvelle période qui s’ouvre et qui se poursuit encore aujourd’hui – avec plus ou moins de réussite au gré des albums - conduit Lucio Dalla, a devenir l’auteur de ses textes. Loin de la poésie sociale un rien hermétique de Roversi, le besoin vital ou l’envie de communiquer avec l’autre, « autrement en chanson », voit le jour avec l’album "Come è profondo il mare". L’écriture originale à la fois intimiste et tournée vers l’extérieur de Dalla véhicule un homme face à lui même dans le troupeau, qui consent des tonnes d’efforts pour vivre, aimer, courir vers son futur, sans trop tricher devant son miroir de solitude.

 

          Le passé, l’enfance sont empreints de nostalgie, le je-narrateur nous parle des choses de la vie, de son unicité malgré la confusion générale qui l’entoure, de la difficulté à être ensemble, dans la violence feutrée du quotidien, des contradictions dans le champ utopique du politique et du religieux.

 

      Tout cela coïncide avec un phénoménal succès à l’instar des pop star américaines…des stades remplis pour de grandes messes populaires. Ses qualités de mélodiste, l’instrument étonnant que devient sa voix, des textes qui touchent l’âme de générations d’italiens, le pari d’une chanson qui parle à tout le monde (l’altérité) a été tenu sans jamais se démentir jusqu’à aujourd’hui.

 

              Pèle-mêle, je vous propose dès lors quelques-uns des plus beaux textes qui recouvrent les thèmes cités ci-dessus afin de mettre en lumière le talent et l’adresse de Lucio Dalla cantautore.

 

        La première, magnifique, qui couvre certainement l’ensemble de son  argumentatif existentiel s’appelle « Le rondini » (Les hirondelles), extraite de l’album « Cambio » en 1990. Elle peut se résumer dans le tout et dans le rien d’un homme seul face au droit à l’amour, face à son impuissance chronique à communiquer.

 

 

Le rondini                                                                                                  Les hirondelles

(L. Dalla-Mauro Malavasi) 1990

 

Vorrei entrare dentro i fili di una radio

E volare sopra i tetti delle città

Incontrare le espressioni dialettali

Mescolarmi con l’odore del caffè

Fermarmi sul naso dei vecchi mentre Leggono i giornali

E con la polvere dei sogni volare e volare

Al fresco delle stelle,, anche più in là

 

 

Coro :

 Sogni, tu sogni nel mare dei sogni.

 

Vorrei girare il cielo come le rondini

 

E ogni tanto fermarmi qua e là

Aver il nido sotto i tetti al fresco dei portici

 

E come loro quando è la sera chiudere gli occhi con semplicità.

 

Vorrei seguire ogni battito del mio cuore

 

Per capire cosa succede dentro

e cos’è che lo muove

 

Da dove viene ogni tanto questo strano dolore

Vorrei capire insomma che cos’è l’amore


Dov’è che si prende, dov’è che si dà

 

Coro :

Sogni, tu sogni nel cielo dei sogni

 

 

Je voudrais entrer dans les fils d’une radio

Et voler par-dessus les toits des villes

Rencontrer les expressions dialectales

Me mélanger avec l’odeur du café

Faire une halte sur le nez des vieux

Qui sont en train de lire leur journal

Et avec la poussière des rêves,voler…voler

Jusqu’à la fraîcheur des étoiles,

Et plus loin encore.

 

Chœur :

Tu rêves, toi tu rêves, dans la mer des rêves.

 

Je voudrais tournoyer dans le ciel comme les hirondelles

Et de temps en temps m’arrêter çà et là

Avoir le nid sous les toits, au frais sous les

arcades

Et comme elles, quand vient le soir, fermer les yeux tout simplement.

 

Je voudrais suivre chaque battement de mon cœur

Pour comprendre ce qui se passe à l’intérieur et ce qui le fait se mouvoir

 

d’où vient parfois cette étrange douleur

Je voudrais enfin comprendre ce qu’est l’amour

l’endroit d’où il vient l’endroit où on le donne

 

Chœur :

Tu rêves, toi tu rêves, dans le ciel des rêves.

 

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            Voici maintenant Bella et une manière originale d’aborder l’amour au quotidien quand les non -dits d’un espoir naissant et languissant remontent à la surface.

 

 

Bella           1990                                                                                                   Belle

 

 

Bella, con quei due occhi stretti

E quella faccia sempre pallida

E quelle mani da speranza languida

E il tuo passato che siccome è già passato

Adesso un po’ ti stanca

 

 

Bella, con quei due figli messi al mondo con una forza cagniula

E i tuoi capelli tutti gialli come fossi mamola

 

Sei cosi’tu, che per me, si’,

tu per me sei l’unica 

 

Io per te, per quell’immagine che hai di me

in fondo piccola rinuncerei

Alla mia eterna solitudine

 

Sarei sociale,anche gentile un po’ normale, bella

 

Bella, ti porterei ogni tanto via,

magari dentro ad una scatola

Perché la mia è una solitudine del resto già un po’ elastica

Potremo uscire e ritornare nella notte,

non dormire ed aspettare l’alba.

Io per te, come dicevo per telefono,

 

Vorrei che il mondo si fermasse per un attimo


Cosi’ scendiamo e non ci vedono mai più

 

Bella, perché quegli occhi un po’ bagnati da una lacrima

 

E quella faccia che di colpo torna pallida

Io adesso vado e ma ritorno,

se non domani, stai tranquilla,

Un altro giorno…

 

 

Belle, avec ces deux petits yeux en amandes

Cette figure toujours pâle

Et ces mains à l’espoir languissant

Ton histoire qui fait partie désormais du passé

Et qui maintenant te lasse quelque peu

 

 

Belle, ces deux enfants mis au monde

Avec la force de la chienne

Et tes cheveux tout jaunes comme si tu étais une violette

Tu es comme çà, et pour moi

tu es unique simplement.

 

Moi pour toi, pour cette image,

que tu as de moi au fond si petite,

Moi, je renoncerais à mon éternelle solitude

 

Je deviendrais social même gentil, un peu normal, belle.

 

Belle, je t'emmènerais de temps à autre

faire un tour, peut -être même dans une boîte

Parce que ma solitude d’ailleurs, est une solitude quelque peu élastique

Nous pourrons sortir et revenir dans la nuit, rester éveillés et attendre l’aube.

Moi pour toi, comme je te le disais au téléphone

je voudrais que le monde s’arrête

juste un instant

Descendons et disparaissons aux yeux de tous.

Belle, pourquoi ces yeux un peu voilés par une larme

et ce visage qui tout à coup redevient pâle

moi maintenant je m’en vais,

mais je reviendrais, même si ce n’est pas demain, sois tranquille,

Un autre jour…

 

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           Maintenant un bijou de chanson, qui fait le bonheur de nos fins de nuit arrosées et musicales – guitares à la main avec mon ami Fabrice –… Cara (Chère /Ma chère) pourrait se paraphraser par une autre chanson de Dalla Camion : « L’amante è solo chi ama ,non quello amato » : l’amant c’est celui qui aime, non l’être aimé. L’incommunicabilité dans l’amour, la différence d’âge, la beauté qui étouffe, l’acceptation et en même temps la rébellion des tourments amoureux sont traités ici avec justesse, sensibilité et maturité.

 

 

Cara      1980                                                                                                    Ma chère

 

Cosa ho davanti non riesco più a parlare

 

 

Dimmi cosa ti piace

Non riesco a capire

Dove vorresti andare

Vuoi andare a dormire.

Quanti capelli che hai

Non si riesce più a contare

Sposta la bottiglia

E lasciami guardare

Se di tanti capelli ci si puo’ fidare.

 

Conosco un posto nel mio cuore

Dove tira sempre il vento

Per i tuoi pochi anni

 

E per i miei che sono cento.

Non c’è niente da capire

Basta sedersi ed ascoltare

Perché ho scritto una canzone

Per ogni pentimento

E debbo stare attento a non cadere nel vino

 

O finir dentro ai tuoi occhi

Se mi vieni più vicino.

 

La notte ha il suo profumo

E puoi cascarci dentro

Che non ti vede nessuno

Ma per uno come me poveretto

 

Che voleva prenderti  per mano

A cascarti dentro un letto…

Che pena …che nostalgia

Non guardarti negli occhi

E dirti una altra bugia.

Almeno

Non ti avessi incontrato

Io che qui sto morendo

E tu che mangi un gelato.

 

Tu corri dietro al vento

E sembri  una farfalla

E con quanto sentimento

Ti blocchi e guardi la mia spalla.

Se hai paura a andar lontano

Puoi volarmi nella mano

 

Ma so già cosa pensi

Tu vorresti partire

Come se andare lontano fosse uguale a morire

E non c’è niente di strano

Ma non posso venire.

Cosi’ come una farfalla

Ti sei alzata per scappare

Ma ricorda che a quel muro

Ti avrei potuto inchiodare

Se  non fossi uscito fuori

Per provare anch’io a volare.

E la notte cominciava a gelare la mia pelle

Una notte madre che cercava di contare le sue stelle.

Io li’ sotto ero uno sputo

 

E ho detto :olé sono perduto.

 

La notte sta morendo

Ed è cretino cercare di fermare le lacrime ridendo

Ma per uno come me, l’ho già detto,

 

Che voleva prenderti  per mano

E volare sopra un tetto….

Lontano…si ferma un treno

Ma che bella mattina

Il cielo è sereno

Buonanotte

Anima mia

Adesso spengo la luce

E cosi’ sia.

 

 

Qu’est-ce que j’ai devant moi…

je n’arrive plus à parler

 

Dis-moi ce qui te fait envie

Je n’arrive pas à comprendre

Où voudrais-tu aller

Tu veux aller dormir.

Que de cheveux tu as…

On ne parvient plus à compter

Déplace la bouteille

Et laisse-moi regarder

Si cette chevelure….

mais peut-on vraiment s’y fier .

Je connais un endroit dans mon cœur

Où le vent ne cesse jamais

Pour tes années qui ne comptent presque pas


Et pour les miennes, j’en suis à 100.

Il n’y a rien à comprendre

Il suffit de s’asseoir et d’écouter

Parce que j’ai écris une chanson

Pour chaque regret

Et je dois prendre garde de ne pas tomber dans le vin

Ou finir dans tes yeux

Si tu t’approches un peu trop.

 

La nuit a son parfum

Et tu peux t’y jeter corps et âme

Personne ne te voit

Mais pour un homme comme moi

pauvre diable

Qui voulait te prendre par la main

Et te jeter sur un lit…

Quelle peine…Ah la nostalgie

Ne pas croiser ton regard

Et te dire un autre mensonge.

Si au moins

Je ne t’avais pas rencontrée…

Moi à l’agonie

Et toi qui mange une glace.

 

Toi tu cours après le vent

Tu ressembles à un papillon

Et avec quels sentiments

Tu t’arrêtes et tu regardes mon épaule.

Si tu as peur d’aller loin

Tu peux voler dans ma main.

 

Mais je vois clair dans tes pensées

Tu voudrais partir

Comme si aller loin revenait

à mourir

Et il n’y a rien d’étrange

Mais je ne peux pas venir.

Tout comme un papillon

Tu t’es levée pour t’échapper

Mais rappelle-toi … j’aurais pu

Te clouer sur ce mur

Si je n’étais pas sorti dehors

Pour essayer moi aussi de voler.

Et la nuit commençait à geler ma peau

Une nuit maternelle qui tentait de compter ses étoiles.

Moi, au fond du gouffre, je n’étais qu’un crachat

Et j’ai dit :  « Olé je suis perdu ».

 

La nuit se meurt

Et  il est stupide de vouloir retenir les larmes en riant

Mais pour quelqu'un comme moi, je l’ai déjà dit,

Qui voulait te prendre par la main

Et voler par dessus les toits…

Loin …un train s’arrête

Mais quelle belle matinée

Le ciel est serein.

Bonne nuit

Ô belle âme

Maintenant j’éteins…

Ainsi soit-il.

 

 

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          L’anno che verrà (l’année qui arrive) est symptomatique d’une obsession  chez Dalla. Il en va ainsi d’une gémellité thématique, à savoir le couple bonheur/futur, la préoccupation du bonheur et du futur ( entre angoisse et espérance) qui traverse l’ensemble de ses chansons. Ce bonheur (thème Léopardien) toujours à portée de main mais tout aussi inaccessible…il nous tend les bras, mais Pauvre homme dans le train de la vie, on ne fait que l’apercevoir …que le saluer tout au plus sur le quai de la gare !

        

Cette chanson, véritable hymne pour les Italiens, prend un relief particulier de par ses connotations politiques. En effet, l’action ( ou la rédaction) se situe pendant les années de plombs, période au cours de laquelle le terrorisme dit de gauche et le pouvoir ( le système plus largement) politique en place en partie corrompu semaient la panique ou la terreur en Italie.

       Cette  page de vie épistolaire est splendide d’utopies, de solidarité, d’espoir jusqu’à sa conclusion pessimiste et résigné mais tellement réaliste.

 

L’anno che verrà     1978                                                                          L’année qui arrive

Caro amico ti scrivo

Cosi’ mi distraggo un po’

E siccome sei molto lontano

Più forte ti scrivero’.

 

Da quando sei partito

C’è una grossa novità

L’anno vecchio è finito ormai

Ma qualcosa ancora qui non va.

 

Si esce poco la sera

Compreso quando è festa

E c’è chi ha messo dei sacchi di sabbia

Vicino alla finestra.

E si sta senza parlare per intere settimane

E a quelli che hanno niente da dire

Del tempo ne rimane.

Ma la televisione ha detto che il nuovo anno

Porterà una transformazione

E tutti quanti stiamo già aspettando.

Sarà tre volte Natale e festa tutto il giorno

 

Ogni Cristo scenderà dalla croce

E anche gli uccelli faranno ritorno.

Ci sarà da mangiare e luce tutto l’anno

 

Anche i muti potranno parlare

Mentre i sordi già lo fanno.

E si farà l’amore ognuno come gli va

Anche i preti potranno sposarsi

Ma soltanto a una certa età.

E senza grandi disturbi qualcuno sparirà

Saranno forse i troppo furbi

E i cretini di ogni età.

Vedi caro amico cosa ti scrivo e ti dico

E come sono contento di essere qui in questo momento.

Vedi caro amico cosa si deve inventare

 

Per poter riderci sopra

Per continuare a sperare.

E quest’anno poi passasse in un istante

 

Vedi amico mio come diventa importante

Che in questo istante ci sia anch’io

 

L’anno che sta arrivando

Tra un anno passerà

Io mi sto preparando

E’ questa la novità

 

Vedi amico mio come diventa importante

Che in questo istante ci sia anch'io

l'anno che sta arrivando

Tra un anno passerà

Io mi sto preparando

E' questa la novità.

Cher ami je t’écris

Ainsi je me distrais un peu

Et puisque tu es très loin

C’est avec d’autant plus de force

je t’écrirai.

Depuis que tu es parti

Il y a une grande nouveauté

La vieille année se termine désormais

Mais, ici certaines choses ne passent pas.

 

On sort peu le soir

Même quand c'est férié

Certains ont mis des sacs de sable

Près des fenêtres.

Et on reste en silence des semaines durant

Quant à ceux qui n’ont rien à dire

Ils ont du temps devant eux.

Mais la télévision a dit que la nouvelle année

Entraînera des changements

Et nous sommes tous déjà là à attendre.

On fêtera Noël à trois reprises

Il y aura des fêtes tous les jours

Chaque Christ descendra de sa croix

Même les oiseaux reviendront.

Il y aura à manger et de la lumière toute l’année

Même les muets pourront parler

Alors que les sourds parlent déjà

Et on fera l’amour chacun selon ses désirs

Les prêtres aussi pourront se marier

Mais seulement jusqu’à un certain âge.

Et sans grande clameur, quelqu’un disparaîtra

Peut-être les plus fourbes

Et les crétins de tous les âges.

Tu vois cher ami ce que je t’écris et je te dis

Et comme je suis content d’être là en ce moment.

Tu vois cher ami ce que nous devons inventer


Pour pouvoir rire de tout çà

Pour continuer à espérer.

Mais si cette année devait s’écouler en un instant

Tu vois mon ami comme il est important

Qu'en ce moment moi aussi je sois de la partie.

L’année qui arrive
dans un an sera finie

Moi je me prépare

Et c’est çà la nouveauté.

 

 

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    Caruso    La création de cette chanson - « Pierre d’angle dans la carrière de l’Emilien » pour Roberto Roversi - a quelques accents de la madeleine Proustienne. En effet, le chanteur italien  a passé une nuit dans la suite d’un hôtel de Sorrente. Le ténor Enrico Caruso, sur la fin de sa vie (il souffrait d’un cancer de la gorge), séjournait souvent dans cet appartement. L’établissement a conservé les chambres au goût de l’époque. Dans celle de Caruso, on y voit encore son piano, ses livres et photos. Angelo, le patron d’un bar sur le port raconta à Dalla, les derniers moments de la vie du chanteur lyrique :

              Bien que souffrant, le ténor donnait encore quelques leçons de chant à une jeune chanteuse. Peut-être en était-il amoureux ? Elle l’admirait probablement ! La nuit était douce…Il ne voulait pas renoncer à chanter pour elle. On plaça le piano sur la terrasse et il entonna une ritournelle napolitaine qui mêlait l’amour et la souffrance, d’une voix plus puissante que jamais…L’élève appuyée contre le piano, les pécheurs qui  ramaient au port pour l’écouter, les lumières des barques « au lamparo » qui étoilaient la mer…et Caruso charmant la nuit napolitaine.

               Dalla, raconte la genèse de cette chanson en ces termes et imagine les pensées de Caruso s’évadant de la mort par le chant, dans la nuit de Sorrente où les sentiments confondent les strates et l’expérience de l’amour avec son pendant la douleur, au cœur même de la destinée.

         NB : La mise en abîme, Dalla donnant la parole à Caruso dans le refrain

                                                                                                                                            

 

Caruso                     1986

Qui dove il mare luccica e tira forte il vento

Su una vecchia terrazza davanti al golfo di Surriento

Un uomo abbraccia una ragazza dopo che aveva pianto

Poi si schiarisce la voce e ricomincia il canto.

 

 

Te voglio bene assai

Ma tanto tanto bene sai

E’ una catena ormai

Che scioglie il sangue dint’è vene sai.

 

 

Vide le luci in mezzo al mare, penso’ alle notti là in America

Ma erano solo le lampare e la bianca scia di un’elica

senti’ il dolore nella musica, si alzo’ dal pianoforte

Ma quando vide la luna uscire da una nuvola

Gli sembro’ più dolce anche la morte

Guardo’ negli occhi la ragazza, quegli occhi verdi come il mare

Poi all’improvviso, usci’ una lacrima e lui credette di affogare

 

Refrain: Te voglio bene assai

              Ma tanto tanto bene sai

             E’ una catena ormai

            Che scioglie il sangue dint’è vene sai.

 

 

Potenza della lirica dove ogni dramma è un falso

Che con un po’ di trucco e con la mimica puoi diventare un altro

Ma due occhi che ti guardano cosi’ vicini e veri

Ti fan scordare le parole, confondono i pensieri

Cosi’ diventa tutto  piccolo, anche le notti là in America

Ti volti e vedi la tua vita come la scia di un’elica

…Ma s'è la vita che finisce ma lui non ci penso’ poi tanto

Anzi si sentiva già felice e ricomincio’ il suo canto

Là où la mer scintille,où le vent s’emporte

Sur une vieille terrasse devant le golfe de Sorrente

Un homme étreint une fille, après avoir pleuré


Puis il s’éclaircit la voix et recommençe à chanter

 

R : Je t’aime tellement

       De tout mon cœur

       C’est comme une chaîne désormais,

       Qui dilue le sang dilue dans les veines, tu sais

 

Il vit les lumières sur la mer, il pensa aux nuits là-bas en Amérique.

Mais ce n’étaient que les « lamparo » et le sillage blanc d’une hélice

Il ressentit de la douleur qui s’échappait de la musique et s’éloigna du piano

Mais quand il vit la lune sortir d’un nuage

Même la mort lui parut plus douce

Il regarda la fille dans les yeux, deux yeux verts comme la mer

Puis soudain une larme s’échappa, il crut s’y noyer.

 

R : Je t’aime tellement

       De tout mon cœur

       C’est comme une chaîne désormais,

       Qui dilue le sang dilue dans les veines, tu sais

 

Puissance de l’art lyrique …

Chaque drame n’est que charme…

un peu de maquillage, quelques mimiques et te voilà un autre

Mais ces deux yeux qui te fixent avec tant de force, tellement vrais

Te font oublier les mots, rendent confuses les pensées

Alors tout devient tout petit, même les nuits là-bas en Amérique

Tu regardes derrière toi et tu vois ta vie

tel le sillage blanc d’une hélice

Mais oui c'est la vie qui s’achève…mais il n’y pensa pas plus que çà

Au contraire, il se sentait déjà heureux alors il recommença son chant…

                          refrain

 

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          Henna est une magnifique chanson sur le destin humain. Voici le « je » dans le  « nous », l’individu dans le troupeau des hommes.Voilà le sentiment sacré (chrétien ici !) porté à son paroxysme de l’amour à la douleur (et vice-versa), une réaction positive à l’impasse existentielle , une cohésion enfin fraternelle (que prônent les textes sacrés) qui donne son identité propre à l’altérité au sein même de l’adversité. Peut-être les mots de Dumas fils dans la « Dame aux camélias », correspondent à la pensée de cette chanson : « Laissons sur le chemin l’aumône de notre pardon à ceux que les désirs terrestres ont perdus, que sauvera peut-être une espérance (divine ou pas) et si cela ne fait pas de bien, cela ne peut pas faire de mal… »

 

 

Henna                1993


Adesso basta sangue, ma non vedi

Non stiamo nemmeno più in piedi… un po’ di pietà

Invece tu invece fumi con grande tranquillità


Cosi’ sta a me che debbo parlare fidarmi di te.


Domani domani domani chi lo sa, che domani sarà

Oh  oh chi non lo so quale Dio ci sarà,

 io parlo e parlo solo con me.

 

Va bene, io credo nell’ amore, l’amore che si muove dal cuore

Che ti esce dalle mani  e che cammina sotto i tuoi piedi

L’amore misterioso anche dei cani e degli altri fratelli animali

Delle piante che sembra che ti sorridono anche quando ti chini per portarle via.

 

L’amore silenzioso dei pesci che ci aspettano nel mare

L’amore di chi ci ama e non ci vuol lasciare.


Ok ok lo so che caspisci ma

sono io che non capisco

cosa dici

Troppo sangue qua e là sotto cieli di lucide stelle

nei silenzi dell’immensità

Ma chissà se cambierà

Oh non so se in questo futuro nero buio

 

Forse c’è qualcosa che ci cambierà

 

Io credo che il dolore, è il dolore che ci cambierà

E dopo chi lo sa se ancora ci vedremo e dentro quale città

Brutta, fredda, buia, stretta o brutta come questa

Sotto un cielo senza pietà

Ma io ti cerchero’, anche da cosi’ lontano ti telefonero’

In una sera buia, sporca, fredda

Brutta come questa

Forse ti chiamero’ perché vedi

Io credo che l’amore che ci salverà


Tout ce sang, çà suffit maintenant

On n’est même plus capable de se tenir debout…un peu de pitié

Toi, en revanche tu fumes tranquillement

 

Et moi j’en suis là …je te parle et je dois te faire confiance

Demain, demain, demain qui sait ce que  demain sera

Oh oh qui je ne sais pas moi, quel Dieu sera là…et les mots que je prononce

n’intéressent que moi

Très bien, je crois à l’amour, l’amour qui vient du cœur

Qui s’échappe des mains, qui avance sous tes pieds

L’amour mystérieux, celui des chiens et des autres frères animaux

Des plantes semblent te sourire même quand tu te baisses pour les emporter.


L’amour silencieux des poissons qui nous attendent dans la mer

l’amour de celui qui nous aime et ne veut pas nous abandonner

Ok, ok, ok je sais que tu comprends, mais c’est moi qui ne comprends rien

à ce que tu dis

Trop de sang versé çà et là sous des cieux d’étoiles scintillantes

Dans les silences de l’immensité.

Mais qui peut dire si tout çà va changer

Et que deviendra ce futur obscur, noir        devant nous, je ne sais pas

Peut-être quelque chose nous changera


Moi je crois que c'est la douleur, que c’est la douleur qui nous changera

Et après qui peut dire si nous nous reverrons encore ici ou ailleurs

Dans quelle ville laide, froide, sombre,

étriquée ou laide comme celle-ci

Sous un ciel sans pitié

Mais moi je te chercherai, même si je suis loin, je te téléphonerai

Par une soirée ténébreuse, sale, froide,

moche comme celle-ci

Peut-être, je t’appellerai parce que, vois-tu

Moi, je crois que c’est l'amour qui nous sauvera.

 

 

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                    Les amours et le vide existentiel de l’adolescence - et plus largement de la jeunesse - parcourent les albums de Dalla ; ce grand frère qui se penche un peu en avant, à la fenêtre du monde, regardant le monde et ses proches congénères. J’aurais pu choisir « Anna e Marco »,  « L’altra parte del mondo »… des joyaux elles aussi mais « Soli io e te » résume l’irréalité et l’immatérialité de l’amour, le besoin de liberté dans le couple et de la vie en amour….

 

 

Soli io  e te                  1986                                                                           Seuls toi et moi

 

Mi chiedi ancora cosa c’è

Ma se sei triste come me

o no …?

Puo’ capitare, e meno male, che…

Non stavi bene neanche te

In quello schifo di locale

Almeno qui fuori

Si puo’ respirare

Parlare senza urlare

E nella notte camminare

soli io e te

 

Guarda quel cane come è attento

Chissà che cosa sente nel vento

La notte o questo grande silenzio

Ma perché non ci fermiano

E’ da troppo che viviamo

 

Obbligati tra la gente

Buttati li’ per caso vivi ma per niente

Non ci siamo più fermati

Faccia a faccia nel silenzio

 Come adesso io e te

Per sentirci abbandonati

Ma forse un po’ più liberi,

 padroni di niente

Torneremo domattina tra la gente

 

Per adesso stiamo zitti cosi’

 

Soli io et te

 

 

… E parlavano più piano, soli

Sperando che la notte non finisse

E il silenzio  li portasse lontano….

Più lontano

Magari dentro un film

Di quelli belli che ti fanno star male

E poi quasi senza parlare

« Dammi ancora un altro bacio »

E han deciso di tornare

 

Obbligati tra la gente

Buttati li’ per caso vivi ma per niente

Non ci siamo più fermati

Faccia a faccia nel silenzio

 Come adesso io e te.

Per sentirci abbandonati

Ma forse un po’ più liberi,

 padroni di niente

Vedrai staremo soli anche tra la gente

 

Per adesso stiamo zitti cosi’

 

Soli io et te

 

Tu me demandes encore ce qui se passe

Mais si tu es triste comme moi

Oui ou non...?

Cà peut arriver, heureusement que…

Toi non plus, tu ne te sentais pas bien

Dans cette boîte dégoûtante ….

Au moins ici dehors

On peut respirer

Parler sans hurler

Et dans la nuit marcher

seuls toi et moi…

 

Regarde ce chien comme il est attentif

qui sait ce qu’il flaire dans le vent

la nuit ou  dans le grand silence

mais pourquoi ne pas nous arrêter

on vit comme çà depuis trop longtemps

 

Contraints parmi les gens

Jetés là par hasard, vivants mais impuissants

Nous ne nous sommes  plus arrêtés

Face à face dans le silence

Comme maintenant toi et moi

Pour nous sentir abandonnés

Mais peut-être un peu plus libres,

maîtres de rien

Nous reviendrons demain matin

Au milieu des gens

Pour le moment, restons silencieux

Juste  comme çà

Seuls toi et moi

 

 

…Et ils parlaient plus doucement, seuls

Espérant que la nuit ne s’achève pas

Et que le silence les emporte loin

Encore plus loin

Peut-être même dans un film

Un de ces beaux films qui te bouleversent

Et puis presque sans rien dire

« Embrasse-moi encore une fois »

Et ils ont décidé de retourner.

 

Obligés parmi les gens

Atterris ici par hasard, vivants impuissants

Nous ne nous sommes plus  arrêtés

Face à face dans le silence

Comme maintenant toi et moi.

Pour nous sentir abandonnés

Mais peut-être un peu plus libres,

patrons de rien

Tu verras nous resterons seuls,

Au milieu des gens

Pour le moment, restons silencieux

Juste comme çà

Seuls toi et moi.

 

 

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              Aquila est une chanson de bravoure, un cœur qui bat en sourdine derrière la voix du chanteur et derrière l’arrangement musical. Dalla dit avoir voulu raconter par bribe la communication impossible entre une planète et l’autre. Mais j’y vois surtout  le récit d’une naissance, le « je dans le liquide sémiotique» narrant le passage du ventre maternel  à la vie extra-utérine. Sublime !

 

 

Aquila                 1984                                                                                                Aigle

 

Che buio è mai questo e cos’è questa forza Che mi spinge

Che mi costringe ad andare avanti

Che cos’ è questo trucco che mi obbliga ad uscire

 

Cosa vedo laggiù o lontano

Chissà se mio padre mia madre mi stanno aspettando

E che razza di combinazioni trovero’

 

E se vale la pena tentare.

Da quassù sembra tutto  tranquillo

Io credo finché continuo a volare

Sotto sembra che cio’ sia una grande campagna

O dato che è buio, potrebbe anche essere il mare.

 

Meno male che ci sono delle luci laggiù 

Perché nel buio m’ero quasi perduto

 

E poi sono un po’ stanco

Comunque manca solo un minuto.

Ecco che sono nato.

 

Ma che scherzo pero’

Mi fermo un momento, anzi riparto oppure non so

Appena nato già vivere mi piace.

Mi piace come suona la mia voce

Ho freddo ma ho il palto’

Le scarpe da tennis, il ciuffo rosso sul palto’

 

Sta arrivando qualcuno, devo nascondere le ali che non usero’.

 

E tu chi sei, perché mi stai guardando

Nessuno mi ha mai guardato cosi’

Lei ride, si alza, si sta avvicinando

poi si siede e in silenzio rimane li’.

Forse l’amore comincia in silenzio

E’ aprire e chiudere le ali

Va bene, guardami che t’insegno a volare.

 

E se hai freddo prendi il mio cuore di cartone

Non lasciarlo mai

Chuidi gli occhi e non guardare  giù.

E se hai freddo alle mani prendi le mie mani


Tra poco finiranno le nuvole

Non voltiamoci

Ecco la luna che cielo incredibile.

Adesso guardami

Vedi….

 

Pourquoi fait-il sombre ici …

Qu’elle est cette force qui me pousse

Qui me contraint à aller de l’avant

Quel est ce stratagème qui m’oblige à sortir



Qu’est ce que je vois là-bas au loin

Qui sait si mon père  et ma mère m’attendent

Et quels types d’embrouilles

je vais devoir affronter

 

Et si çà en vaut la peine de tenter l’aventure.

De là-haut, tout semble tranquille

Je crois bien tant que je continue à voler

Là-dessous, on dirait qu’il y a une grande campagne

ou étant donné qu’il fait sombre, ce pourrait être la mer.

 

Heureusement qu’il y a des lumières là-bas

Parce que dans le noir, je m’étais presque perdu

Et puis je suis un peu fatigué

Bon il ne manque plus qu’une minute

Voilà, c’est fait … je suis né.

 

Mais comme c’est risible

Je m’arrête un moment, puis je repars, je ne sais pas

Tout juste né et déjà vivre me plait.

J’aime comme sonne ma voix

J’ai froid mais j’ai un manteau

Des tennis et la mèche rouge sur le paletot

 

Quelqu’un vient, je dois cacher mes ailes que je n’utiliserai plus.

 

Et toi qui es-tu, pourquoi tu me regardes

Personne ne m’a jamais regardé ainsi

Elle rit, elle se lève, elle s’approche

Puis elle s’assied et en silence elle reste là.

Peut-être l’amour commence en silence

En ouvrant et repliant les ailes

D’accord, regarde-moi que je t’enseigne à voler.

Et si tu as froid prends mon cœur en carton

Ne l’abandonne jamais

Ferme les yeux et ne regarde pas en bas

Et si tes mains sont froides, prends les miennes

Bientôt les nuages s’enfuiront

Ne nous retournons pas

Voilà la lune, quel ciel incroyable

Maintenant regarde-moi

Tu vois….

 

 

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               Pour conclure cette présentation des chansons de Lucio Dalla, je vous propose un détour par l’âme humaine avec Hotel. Les couplets de cette chanson me rappelle la poésie « L’âme » de Germain Nouveau, tirée du recueil « Valentine ». Le texte de Nouveau dit ceci : « Chaque soir quand ton corps se couche/ Dans ton lit qui n’est plus moi/ Tes lèvres sont loin de ma bouche/Cependant, je dors près de toi. … ».

         Le moi et l’autre en moi, le moi au miroir de mon âme sont traités ici avec justesse.

 

Hotel

 

Dove vai, anima

Tra poco dormo, sei libera

Schiva ogni angolo

Di questo albergo cosi’ squallido

Lascia i pensieri torbidi

Mettili laggiù sopra i mobili

Vai dove gli angeli fanno il coro

Vola lassù in alto ed addormentati con loro

E poi che passi pure il tempo

Che tanto non mi sveglio

Se no rischio di cader giù

Anzi io dormo di più

Cosi’ tra poche ore

Arrivi fino al sole

 

Amore, amore, amore

Raggio di sole

Sul mio petto

Entra dentro

Scaldami

Il cuore

E il mio letto.

 

In questo cesso di un albergo c’è rumore

Qualcuno ha acceso la televisione

Che è sgradevole

Nel sonno, mi dà dolore

Un fastidio fisico che gela il cuore

Ma tu, anima, non ti voltare

Resta ferma dove sei

Proprio adesso che sogno lei

Cosi’ continuo il sogno

Adesso ne ho bisogno

Da sveglio non la penso più

Dopo dormi anche tu

Anche per ore

Fino a quando va via il sole.

 

Amore, amore, amore

Raggio di sole

Sul mio petto

Entra dentro

Scaldami

Il cuore

E il mio letto.

 

Ou vas-tu mon âme

Je vais bientôt dormir, tu seras libre

Evite chaque angle

De cet hôtel tout misérable

Laisse de côté les pensées troubles

Range-les là-haut sur les meubles

Tu vas là où les anges chantent

Vole tout là-haut et endors-toi avec eux

Puis laisse le temps passer

Il se peut même que je ne me réveille pas

Sinon je cours le risque de tomber bien bas

Ou bien je continue de dormir

Et dans quelques heures

Tu arrives jusqu’au soleil.

 

Amour, amour ,amour

rayon de soleil

sur ma poitrine

Entre donc

réchauffe-moi

le cœur

et mon lit.

 

Dans cette horreur d'hôtel, il y a du bruit

Quelqu’un a allumé la télévision

C’est déplaisant

Dans le sommeil, cela m’est douloureux

Un désagrément physique qui me gèle le cœur

Mais toi âme, ne te retourne pas

Reste immobile là où tu es

Juste maintenant que je rêve d'elle

Ainsi je poursuis mon rêve

Maintenant j’en ai besoin

Eveillé je l’oublie.

Après tu dormiras toi aussi

Même pendant des heures

Jusqu’à ce que le soleil s’en aille.

 

Amour, amour ,amour

rayon de soleil

sur ma poitrine

Entre en moi

réchauffe-moi

le cœur

et mon lit.

 

 

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DISCOGRAPHIE SOMMAIRE et quelques commentaires

 

1.      Terra di Gaibola (1970) 

2.      Storie di casa mia (1971) avec Lucio dove vai. La casa in riva al mare. 4/3/43.Il gigante e la bambina… Dalla n’est pas l’auteur des textes souvent oniriques

 

3.      Il giorno aveva cinque teste(1973)

4.      Anidride solforosa(1974)

5.      Automobili (1976) 

Période de la chanson sociale et engagée avec Roberto Roversi : « E’ il potere che offende »

 

                                    Dalla cantautore

 

      7.   Come è profondo il mare (1977) Quelques bijoux : Quale allegria, disperato erotico stomp, la chanson titre dit : « I pesci assistetteo al dramma personale e collettivo di questo mondo… »…

  1. Lucio Dalla (1978) : Superbe album, toutes les chansons sont remarquables : Anna e marco. Cosa sarà. Milano.L’anno che verrà…
  2. Dalla (1980) : Cara est inoubliable, La sera dei miracoli e Futura des succès.
  3. Q-disc (1981) : Album reliquat des précédents mais 4 superbes chansons dont la version instrumentale renversante du « You’ve got a friend » de Carole King, Dalla à la clarinette.
  4. 1983( 1983) : L’album de l’intimité sur fond d’originalité musicale :

1983. Pecorella. L’altra parte del mondo. Camion. Solo. Mon album préféré. A noter les traductions des chansons en français par Marianne Comtell.

  1. Viaggi organizzati (1984) : D’un niveau moindre. A noter : Aquila. Tutta la vita. Tu come eri
  2. Lucio Dalla / Marco di Marco : Versions instrumentales de classiques Jazz. Dalla à la clarinette.
  3. Bugie (1986)  « 1983 » chantait le repli sur soi, « Bugie » (Mensonges) est un modèle de communication. Toutes les chansons sont magnifiques : Soli io e te. Se io fossi un angelo.Navigando. Tania del Circo…
  4. Dalla /Morandi  (1988) : Album commun avec Gianni Morandi entre création :Vita. Che cosa resterà di me… et  des reprises : Chiedi chi erano i Beatles 

 

                   …ou encore le « Misterioso » de Monk….

 Travail/élèves

 

  1. Cambio (1990) : Un immense succès populaire avec « Attenti al lupo »,« Le rondini », « Bella », «  Apriti cuore » sont des productions très réussies.
  2. Henna (1993).Un bel album. La chanson titre est superbe comme « Don’t touch me » e « Merdman », dénonçant la télé réalité à l’italienne .
  3. Canzoni :(1996). De belles ballades : Canzone. Tu non mi basti mai. Sul mondo. A noter une chanson dédiée à Ayrton Senna.
  4. Ciao (1999) : Un peu trop d’anglicismes à mon goût. On relève cependant : Ciao. Hotel. Trash.
  5. Luna matàna (2001) : le dernier en date. Un album agréable :La strada e la stella. Une chanson dédiée au footballeur Baggio : Baggio…Baggio.Anni luce. Domenico sputo…
  6. LUCIO  (200 3)  sorti en octobre

 

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                              ALBUM EN PUBLIC

 

1. Banana Republic (1979) : Tournée des stades italiens avec l’excellent Francesco De Gregori. Superbe version (scat) de Piazza grande…

2.DallameriCaruso (1986) : Enregistrement en studio de Caruso. Le reste du double album est consacré à la tournée américaine du groupe « Dalla e gli stadi ».On y entend ses grands succès.

3.Amen(1992) : De magnifiques versions de  Quale allegria , Felicità e Apriti cuore .

A noter la version du guitariste du groupe  Gli Stadi Samuele Bersani » interprétant sa chanson   Il mostro , magnifique d’humanité sur les différences.

 

 

 

LES LIENS

 

 

1.  Dalla Lucio-site officiel. Présentation du dernier album. Les Photos et autres curiosités de l’artiste  de Bologna

http://www.musicanews.com/dalla/

 

2.http://digilander.libero.it/raritalia/lucio.htm

 

3.http://www.pressingline.it/

 

 

 

 

 

CREATION de TEXTES POETIQUES à PARTIR DE LA CHANSON

« LE RONDINI » De Lucio DALLA

 

 

  Le orche

 

Vorrei entrare nella vita dell'uomo misterioso

E nuotare fino al suo cuore

Incontrare le sue gioie, le sue sofferenze

Offrirgli l'affetto di cui ha bisogno

Mescolarmi con i suoi segreti

E con le lacrime del dolore, nuotare e nuotare

Nel più profondo della sua esistenza

Speri, tu speri nell'oceano della speranza

 

Vorrei vivere nell'acqua come le orche

Sentirmi inondata dalla calma del mare

Dormire sotto i riflessi della luna

E come loro quando viene la notte addormentarsi spensieramente

 

Vorrei seguire ogni battitto del mio cuore

Per capire cosa succede dentro quando ama

Perché procura ogni tanto un forte dolore

Vorrei cogliere che cos'è l'amore

Perché esiste questo sentimento strano

Speri, tu speri nei dubbi della speranza

 

                                                                                        Sandra Nicosia 1ere L

 

 

  Il fuoco

 

Vorrei nascere in un ceppo

E bruciare senza nessuno per toccarmi

Essere l'ultima cosa che vedono le farfalle

Prima di morire, pericoloso ma attraente

Scaldare le case della gente mentre scivola la neve

E con le benzina dei fantasmi, bruciare e bruciare

Nella luce di una candela, anche più in là

Desideri, tu desideri nei sottosuoli dei desideri

 

Vorrei consumarmi all'infinito come il fuoco

E ogni tanto illuminare qua e là lo spazio infinito

Creare il desiderio cocente degli amanti

E come il fuoco portare le mie fiamme nel cielo

 

Vorrei essere la speranza di un cuore ghiacciato

Per portarlo fino all'amore

E infiammare il suo corpo di passione

Vorrei fargli conoscere la febbre della notte

Baciarlo, abbracciarlo e fare brillare i suoi occhi di mille fuochi

Desideri, tu desideri nell'abbondanza dei desideri.

 

                                                                                            Meriem Mili 1er L

 

 

  I delfini

 

Vorrei entrare dentro i tuoi sogni

Ed essere in armonia con il tuo cuore

Condividere con te le mie emozioni le più celate

Fare nascere l'amore dentro i tuoi occhi

Vivere la mia vita nella profondità del tuo sguardo

E morire dentro una lacrima d'eternità

Al fresco delle tue labbra

Vivi, tu vivi nella profondità dell'anima

 

Vorrei accarezzare l'acqua come i delfini

E nuotare nei ritmi delle onde

Vivere nella dolcezza del mondo acquatico

E come loro, avere una vita felice e pacifica

 

Vorrei viaggiare dentro la sua anima

Per capire la ragione di questi sentimenti

Da dove viene ogni pulsione di vita

Vorrei capire, insomma, che cos'è la vita

Dov'è che s'illumina e dov'è che si spegne

Vivi, tu vivi nella profondità dell'amore.

 

                                                                               Alexandra Nguyen 1er ES

 

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  Picasso

 

Vorrei essere un pesce Picasso

Scendere nei fondi degli abissi

Frequentare il mio caro amico delfino

E parlare con le conchiglie esotiche

Incontrare il potente Tritone

Vivere nel suo palazzo

Fare delle feste con le sirene

Viaggiare sul dorso delle tartarughe

Sogni, tu sogni nelli profondità dell’oceano e dei sogni.

 

Vorrei avere i colori dell’arcabaleno

Perquisire nei resti dei battelli

Trovare dei tesori nel corallo

Essere libera nell’immenso mare con semplicità.

 

Vorrei navigare nell’azzurro oceanico

Nel seguire il ritmo del mio cuore

Per trovare la mia amina gemella

Nei fondi dell’acqua multicolore

Colore Opale dei miei squami

Sogni, tu sogni nell’universo marino dei sogni

 

                                                                                                                                         Lisa Robert 1L

 

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NASCITA DI UNA CANZONE FAMOSA : CARUSO DI LUCIO DALLA

 

 Travail réalisé par Camille Caselli 1AA , Laurent Bertino 1GC, Antoine Moscatelli

 

Lucio Dalla ha avuto l’idea della canzone quando ha letto un fatto di cronaca che riguardava il tenore Enrico Caruso a New-York : un processo, un grande scandalo perché lui aveva toccato le natiche di un’ americana a Central park « un pizzicotto al culo » dice Dalla

 

Poi un giorno, il cantautore è andato a Napoli e ha dormito a Sorrento. Ha prenotato l’appartamento di un albergo lussuoso della città. Questa camera era quella del tenore quando si era ritirato nei dintorni di Napoli.Caruso era prossimo a morire( nell’estate del 1921). La suite non era stata cambiata… intatta come allora !

 

Dalla si è incuriosito dell’esistenza del vecchio Caruso. E’ morto malato di un cancro alla gola. Ha incontrato Angelo il vecchio proprietario di un bar vicino all’ albergo, sul porto…
Ha voluto ricreare l’ambiente dell’epoca nella grande tradizione napoletana…
Caruso sulla terrazza del hotel. A perdita d’occhio, si rispecchiava il chiaro della luna. Caruso regala la sua passione del canto lirico a un’allieva innamorata del mito poi ai pescatori tornati fino al porto per ascoltarlo !


Questa canzone è un miscuglio di felicità, d’amore, di dolore e di malinconia per chi ascolta le note e « i pensieri » del cantante lirico.

Caruso è secondo Luciano Pavarotti : « La voce alla quale tutti i tenori devono misurarsi ! ». La sua voce copriva una gamma fenomenale. Stava comodo in ogni registro. La sua presenza sulla scena e la raffinatezza del suo stile sono restati leggendari.

Il nome di Caruso è legato al gramofono. Nel 1902, realizza la sua prima registrazione.

 

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